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Pourquoi anticiper les Troubles Musculosquelettiques (TMS)

En tant que professionnel engagé dans la prévention et le bien-être au travail, je constate chaque jour combien les troubles musculosquelettiques (TMS) impactent à la fois la santé des collaborateurs et la performance des entreprises. Ces affections touchent les muscles, tendons, nerfs ou articulations et surviennent insidieusement à force de gestes répétitifs, de postures contraignantes ou d’une organisation de travail inadaptée.

En 2023, les TMS représentaient près de 87 % des maladies professionnelles reconnues en France (source : Assurance Maladie – Risques professionnels). Ils constituent la première cause d’arrêt de travail d’origine professionnelle et affectent tous les secteurs d’activité, sans distinction. Pourtant, ces troubles restent souvent sous-estimés ou ignorés, par manque de sensibilisation, de moyens ou de vision à long terme.

Dans cet article, je vais partager deux visions du management : celle d’une entreprise qui anticipe les TMS avec méthode, et celle d’une entreprise qui les subit faute d’action. Car la véritable question n’est pas de savoir si les TMS vont apparaître, mais plutôt comment s’y préparer afin de limiter leurs effets, voire de les éviter.

1. Anticiper les TMS : une démarche gagnante à tous les niveaux

Une politique proactive de prévention des TMS a un impact positif à tous les niveaux : elle renforce la marque employeur, améliore la qualité de l’organisation du travail et crée une dynamique de performance durable. Cela passe par la capacité à détecter les signaux faibles avant qu’ils ne deviennent des alertes majeures, par une réorganisation du travail centrée sur la santé, par des investissements mesurables, et enfin, par un effet direct sur la motivation et la cohésion des équipes.

1.1 Comprendre les signaux faibles pour prévenir le risque

Anticiper les TMS, c’est d’abord apprendre à repérer ce qui ne se voit pas encore. Un collaborateur qui ajuste discrètement sa posture, qui évite certains gestes ou qui commence à ralentir dans ses tâches, n’est pas encore en arrêt, mais son corps lance des alertes.

Les entreprises qui anticipent les TMS sont celles qui savent identifier ces signaux faibles : grâce à des observations sur le terrain, des entretiens réguliers, des remontées d’informations prises au sérieux, et une écoute active du ressenti des équipes.

La prévention commence par un diagnostic ergonomique des postes de travail, des évaluations régulières des risques (DUERP) et un management impliqué dans une démarche continue de prévention. Ces actions permettent d’agir en amont pour éviter l’aggravation des symptômes et les arrêts de travail.

1.2 Réorganiser le travail pour protéger la santé

Une fois les risques identifiés, la prévention devient opérationnelle. Cela implique la réorganisation des postes de travail : réaménagement des espaces, réduction des efforts inutiles, adaptation des outils, formation aux bons gestes, pauses actives, rotation des tâches… Chaque action, aussi petite soit-elle, compte.

Ces ajustements ne visent pas seulement à protéger les salariés les plus fragiles, mais à transformer l’environnement de travail pour qu’il soit soutenable à long terme pour tous. Il s’agit d’intégrer la santé et la sécurité physique dans la culture de l’entreprise, où chaque salarié devient acteur de sa propre santé et de celle de ses collègues.

1.3 Un investissement rentable et mesurable

Contrairement à une idée reçue, la prévention n’est pas un coût, mais un investissement. Selon l’Assurance Maladie, le coût moyen d’un TMS reconnu est de 21 000 €, sans compter les pertes de productivité ou l’impact sur le moral des équipes.

En revanche, plusieurs études démontrent qu’un euro investi dans la prévention peut rapporter jusqu’à 2,2 € en retour, en gains de performance, réduction de l’absentéisme et amélioration de la fluidité opérationnelle (source : Mozart Consulting, 2022).

Les entreprises qui intègrent la prévention enregistrent des résultats mesurables tels qu’une réduction de 30 à 50 % des arrêts de travail liés aux TMS en 2 à 3 ans (source : INRS), une baisse du turnover, ou bien encore une meilleure attractivité sur le marché de l’emploi.

1.4 Renforcer la motivation et la cohésion

La prévention des TMS n’est pas seulement une question de santé physique, elle influence aussi la motivation et la cohésion des équipes. En prenant soin de la santé des collaborateurs, l’entreprise envoie un message fort. Le bien-être au travail devient un levier de dialogue social, de reconnaissance et de respect.

Les chiffres confirment cette dynamique : 70 % des salariés se déclarent plus motivés lorsqu’ils se sentent écoutés sur leur santé au travail (source : Baromètre Malakoff Humanis, 2023). De plus, 58 % des dirigeants ayant investi dans la qualité de vie au travail (QVT) constatent une amélioration globale de la performance de leur organisation.

L’Equilibration Neuro Musculaire (ENM), par exemple, se révèle être un levier puissant dans la prévention des TMS. Cette méthode propose des exercices de rééquilibrage postural et musculaire, visant à renforcer les muscles profonds et à améliorer la posture des collaborateurs. En réduisant les tensions musculaires et en favorisant une meilleure coordination du corps, l’ENM aide à prévenir l’apparition des TMS.

2. Ne pas anticiper : une stratégie illusoire et coûteuse

Ne pas anticiper les TMS relève d’une stratégie illusoire qui, loin de réduire les coûts, en génère de nouveaux, souvent invisibles. L’inaction présente un coût caché considérable, avec des effets durables sur l’engagement des équipes et un risque juridique et réputationnel qu’aucune entreprise ne peut se permettre d’ignorer.

2.1 Le coût caché de l’inaction

Ne pas anticiper, c’est souvent faire le choix du court terme : repousser les investissements, minimiser les alertes, attendre qu’un problème devienne visible. Mais ce choix coûte cher.

Les TMS non pris en charge à temps conduisent à des arrêts de travail longs, parfois à des inaptitudes, des reconversions forcées, ou des contentieux. En moyenne, un salarié en arrêt pour TMS est absent pendant 3 mois (source : AMRP).

Derrière chaque arrêt, c’est une organisation déséquilibrée : collègues surchargés, plannings perturbés, pression accrue sur les managers. L’effet domino est rapide, difficile à enrayer et coûteux à long terme.

2.2 Des effets durables sur l’engagement

L’inaction instille une forme de défiance parmi les équipes. Les douleurs sont banalisées, les efforts ignorés. Résultat : une baisse d’engagement, de motivation, et un climat de travail détérioré.

Selon Gallup (2021), un salarié désengagé coûte en moyenne 16 000 € par an à son entreprise. Parmi les premières causes de désengagement, on trouve le sentiment d’être exposé à un environnement de travail nocif, sans soutien ni reconnaissance.

Les conséquences vont au-delà des postes concernés : elles affectent la dynamique collective, le climat social et, dans certains cas, la réputation externe de l’entreprise.

2.3 Un risque juridique et réputationnel réel

La reconnaissance d’un TMS comme maladie professionnelle peut engager la responsabilité de l’employeur, notamment en cas de faute inexcusable. Cela peut se traduire par des indemnités majorées, des poursuites judiciaires et un impact direct sur les cotisations AT/MP. (Accidents du travail, Maladies Professionnelles)

En parallèle, la marque employeur en souffre. Une entreprise perçue comme négligeant la santé de ses collaborateurs perd de son attractivité et peut avoir des difficultés à recruter ou fidéliser ses talents.

Conclusion

Pour conclure, anticiper les TMS, c’est choisir une gestion proactive et responsable des ressources humaines. C’est une démarche gagnante qui protège la santé des collaborateurs, renforce la cohésion des équipes, et permet à l’entreprise de rester compétitive et performante. L’Equilibration Neuro Musculaire (ENM) constitue un excellent levier dans cette prévention, en favorisant une meilleure posture et en réduisant les tensions musculaires.

En revanche, l’inaction est une fausse économie qui fragilise les équipes et finit par coûter bien plus cher que la prévention. L’enjeu n’est plus de savoir si on doit anticiper, mais de se demander si l’on peut se permettre de ne pas le faire.

Sources :

  • Assurance Maladie – Risques professionnels, Rapport TMS, 2023
  • INRS, Dossier TMS, 2023
  • Baromètre Malakoff Humanis, Santé et QVT, 2023
  • Étude Gallup, State of the Global Workplace, 2021
  • Mozart Consulting, Étude ROI prévention santé-travail, 2022

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